Cancer colorectal : il est temps d’agir !
L’arrivée du variant Omicron en novembre 2021 a de nouveau mis sur pause les efforts en matière de dépistage du cancer colorectal. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Plus de 110 000 patients sont en attente d’une coloscopie au Québec, dont 63% en excès des normes d’attente du MSSS. Il y a également une augmentation de 238% du nombre de requêtes primaires pour coloscopies hors délais entre août 2021 et 2020. L’impératif d’agir est au rendez-vous !
Bien que notre attention collective soit encore fixée sur la pandémie et que la COVID-19 demeure une priorité, nous devons faire face à une urgence de santé publique encore plus mortelle.
Le cancer a été la cause de décès de près de deux fois plus de Québécois que la COVID-19.
À cela s’ajoutent les interruptions de dépistage et chirurgies causées par le délestage qui entraînera des conséquences sur la vie de milliers de personnes dans les prochaines années.
Le dépistage précoce du cancer colorectal permet d’augmenter les chances de survie après cinq ans à plus de 90%. Les efforts de prévention depuis les années 2000 ont permis de diminuer le nombre de cas de cancer au pays. Malheureusement, cette année, 25 000 Canadiens recevront encore un diagnostic de cancer colorectal, dont 6400 au Québec. Sur les 9600 décès prévus relatifs à cette maladie au pays, 2600 d’entre eux seront des Québécois.
Le dépistage du cancer du côlon demeure le meilleur moyen de prévention de la maladie. Il permet de détecter le cancer à un stade peu avancé, avant que les signes et symptômes de la maladie n’apparaissent. Il est simple à faire, grâce à un test non invasif appelé RSOSi effectué à domicile. Pour les individus dont le test se révèle positif, une coloscopie de suivi permet d’identifier et d’enlever les polypes précancéreux, prévenant ainsi le cancer. Malheureusement en raison de la pandémie, il y a eu une baisse de 160 000 tests de dépistage RSOSi entre 2019-2020 et 2020-2021.
Les conséquences sont immenses: moins de tests de dépistage effectués, moins de coloscopies réalisées, plus de cas de cancer à stade avancé à prévoir, plus de décès à anticiper et plus de pression, pour les années à venir, sur les ressources du système de santé, dont des médicaments coûteux sont à anticiper.
Il existe pourtant des solutions éprouvées pour protéger la santé des Québécois relativement au cancer colorectal.
En effet, le Québec demeure la seule province au Canada à ne pas avoir de programme structuré de dépistage du cancer colorectal pour les personnes de 50 à 74 ans.
Ce programme pourrait, à l’image de celui pour le cancer du sein, favoriser la détection du cancer colorectal par l’envoi d’une lettre les invitant à se procurer le test de dépistage et ainsi augmenter les chances de succès du traitement.
Il n’y a aucune excuse pour retarder plus longtemps le déploiement du Programme québécois de dépistage du cancer colorectal (PQDCCR).
Pourtant, depuis 2007, le gouvernement du Québec promet de lancer ce programme du cancer colorectal. Les ministres de la Santé se succèdent, mais toujours aucun programme n’est déployé.
La pandémie a démontré que le Québec peut mettre en place rapidement un programme de dépistage de la COVID-19 pour tous, ainsi qu’un programme de vaccination efficace. Profitons des leçons apprises lors de la pandémie. Agissons le plus vite possible pour prévenir la deuxième cause de décès par cancer au Québec.
Bien que le gouvernement ait alloué récemment des fonds supplémentaires pour faire des colonoscopies, le PQDCCR reste l’élément central de la prévention du cancer colorectal. Il doit donc être soutenu par des investissements dans des programmes de recherche et de prévention primaire incluant des modes de vie saine, une capacité accrue d’endoscopie, ainsi que les autres services de soins du cancer pour atténuer le fardeau humain et financier de cette maladie.
Par conséquent, nous demandons au ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Christian Dubé, de déployer, sans plus tarder, le PQDCCR tout en augmentant les ressources, y compris ceux de la recherche, afin de permettre au réseau de la santé d’accroître ses capacités en lien avec le cancer colorectal.
Barry D. Stein, président et directeur général, Cancer colorectal Canada
Dr Martin Champagne, président, Association des médecins hématologues et oncologues du Québec
Marco Décelles, directeur général, Fondation québécoise du cancer
Diego Mena, vice-président Initiatives stratégiques, Mission et engagement, Société canadienne du cancer
Manon Pepin, présidente et chef de la direction, Société de recherche sur le cancer