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<strong>UpCycle</strong> : Et si la solution au cancer était dans vos pharmacies?

UpCycle : Et si la solution au cancer était dans vos pharmacies?

La Société de recherche sur le cancer accorde ½ milion en subventions pour des projets de recherche visant à repositionner des médicaments existants pour le traitement du cancer.

À l’issue du premier appel à propositions du programme UpCycle de la Société de recherche sur le cancer, 5 projets de recherche à fort potentiel d’impact obtiendront chacun une subvention de 100 000 $ en 2019. Lancé en 2018, ce nouveau concours unique au pays a suscité un réel engouement auprès de communauté scientifique et généré plus de soixante lettres d’intérêt.

Axés sur le repositionnement de médicaments, les projets sélectionnés étudieront des médicaments existants et déjà utilisés pour traiter d’autres maladies, afin d’évaluer leur efficacité dans un contexte de traitement du cancer. Les médicaments étudiés étant hors brevet et leur toxicité étant connue, toute percée découlant de ces projets a un potentiel accru de mener rapidement à des traitements plus efficaces et accessibles pour les patients.

Résumés de projets financés :

  • Un antibiotique pour traiter la leucémie myéloïde aiguë
    La leucémie myéloïde aiguë (LMA) tue chaque année plus de 1 000 personnes au Canada. Bien qu’il se traite efficacement à l’aide d’un médicament de chimiothérapie, le vénétoclax, ce cancer agressif devient rapidement résistant à ce médicament, ce qui lui permet de revenir en force après seulement quelques mois. La doxycycline, un analogue de la tétracycline, est un antibiotique utilisé pour traiter certaines infections bactériennes et qui n’est plus sous brevet. Son utilisation chez les patients atteints de LMA pourrait permettre de contrer la résistance des cellules cancéreuses au vénétoclax. Mené par Steven Chan et son équipe au University Health Network à Toronto, ce projet de recherche vise à évaluer cette nouvelle option thérapeutique prometteuse qui combine les deux médicaments pour de meilleures chances de vaincre la LMA.
  • Améliorer l’immunité grâce au bicalutamide
    Le cancer de la vessie est le 5e en incidence au Canada. Il affecte de 3 à 4 fois plus d’hommes que de femmes et il a été démontré que les hormones sexuelles mâles (androgènes) pourraient expliquer cette différence. Des avancées récentes en immunothérapie ont amené des améliorations significatives pour le traitement du cancer de la vessie métastatique, mais celles-ci ne sont efficaces que chez une minorité de patients. L’enzalutamide, un médicament qui bloque l’action des androgènes, permet d’améliorer l’efficacité de l’immunothérapie chez les hommes. Mené par Yves Fradet et son équipe à l’Université Laval à Québec, le projet subventionné permettra de tester un médicament plus ancien, mais similaire à l’enzalutamide : le bicalutamide. Ce dernier pourrait devenir une option plus abordable et accessible que l’enzalutamide pour améliorer l’efficacité de l’immunothérapie du cancer de la vessie.
  • Des médicaments contre les allergies tuent les cellules cancéreuses
    Dans la leucémie lymphoïde chronique (LLC), la forme la plus courante de leucémie chez l’adulte, les patients finissent par développer des résistances à la chimiothérapie et meurent des suites de leur maladie. À CancerCare Manitoba, Spencer Gibson et son équipe ont découvert que les antihistaminiques (médicaments pour traiter les allergies saisonnières) provoquent une réaction qui tue les cellules cancéreuses sans affecter les cellules saines. L’étude subventionnée vise à approfondir la compréhension du fonctionnement de ces antihistaminiques et déterminer s’ils sont efficaces chez les patients ayant développé une résistance à leur traitement de chimiothérapie.
  • Contrer le cancer avec la médication contre l’insuffisance cardiaque
    Il a été observé qu’une classe de médicaments généralement prescrits pour traiter l’insuffisance cardiaque a également la capacité de réduire le taux d’incidence et la mortalité associée au cancer. Noël Raynal et son équipe du CHU Sainte-Justine à Montréal, ont réussi à comprendre la manière dont ces médicaments ciblent les cellules cancéreuses, et les types de cancers pour lesquels ils sont le plus efficaces. Le projet subventionné permettra d’évaluer ces médicaments in vivo dans l’optique d’amener cette nouvelle option de repositionnement jusqu’aux essais cliniques.
  • Contrer l’action de métastases osseuses
    La présence de métastases dans les os est fatale, mais les patients peuvent quand même y survivre très longtemps. Comme ces métastases osseuses sont extrêmement douloureuses, il est essentiel de trouver des traitements pour réduire la souffrance des patients. Carrie Shemanko et son équipe de l’Université de Calgary évalueront tous les médicaments approuvés existants afin d’identifier ceux qui permettent d’atténuer la dégradation des os par des métastases de tumeurs cancéreuses du sein. Les médicaments les plus prometteurs seront étudiés sur des cellules osseuses humaines et sur différents types de cancer du sein. Celui qui s’avérera le plus efficace sera isolé et testé dans un modèle préclinique.

La Société de recherche sur le cancer est la première organisation au Canada cherchant à déployer de façon systématique le potentiel encore inexploité des médicaments existants pour le traitement du cancer. Des quelque 1 500 médicaments déjà approuvés pour traiter de nombreuses maladies humaines, plusieurs se sont révélés capables de réduire le risque de développer un cancer, de stopper la progression des cellules tumorales ou de diminuer les récidives.